dimanche 29 janvier 2012

Chronique BD : Magasin Général

François Lapierre, le coloriste, remercie en dédicace Loisel et Tripp de lui offrir à chaque année, le plus joli album à colorier. C’est un peu drôle, mais c’est essentiel, dans le sens où l’essence même de l’album est là, dans les couleurs, douces joyeuses, vraies, réconfortantes.

La technique est connue de tous, Régis Loisel crayonne, jean-Louis Tripp encre, donnant un dessin qui est autre que leurs propres traits respectifs. Lapierre se dépasse en donnant une touche magique, exacte avec des couleurs magnifiques. Jimmy Beaulieu, homme à tout faire de la BD québécoise, s’assure que les dialogues sonnent bien Québécois. Ils ne sont peut-être pas assez terroirs, mais il faut laisser une chance à nos amis Européens !

Dans ce septième tome d’une série qui devrait se terminer bientôt, Marie revient à Notre-Dame-Des-Lacs, riche et changée de son expérience à Montréal. Sa nouvelle liberté, cette légèreté, sera un signe marquant de l’album où comme d’habitude, il ne se passe pas grand-chose. Mais on sait à quoi s’attendre, avec Loisel surtout, il est question d’ambiance, de ressenti, d’émerveillement du quotidien. J’avais décroché vers les tomes 3 et 4. Au tome 5, j’ai compris qu’en ces temps-là au Québec, tout était lent et les petits riens avaient des allures de grands évènements. Ici encore, le duo singulier nous montre des pages, surtout des cases qu’on pourrait juger inutiles, elles sont des marqueurs du temps qui passent.

Charleston est le titre tout indiqué pour une BD où l’on voit tant de gens danser, où l’on voit le jeu musical de la séduction. Quelques éléments nous sont distillés, entre autre une possible relation pour Serge?

Bref, se dégage de ce livre un réconfort, un plaisir, une impression que la vie peut nous donner des plaisirs si on en profite. Comme par exemple, lire cette BD assis dans un café un dernier midi de semaine.

mercredi 25 janvier 2012

Chronique BD: 3 secondes

Lorsque je suis de passage à Montréal, à quelques 800 km de chez moi, je m'arrête toujours chez Planète BD. François, probablement un des meilleurs conseillers en BD au Québec, me suggère toujours une bonne lecture. Je ne voulais pas lire 3 secondes, plusieurs blogueurs me l'avaient déconseillés, mais François m'a dit qu'il fallait que je le lise, je l'ai acheté.

3 secondes n'est pas vraiment une BD, c'est une expérience graphique narrative. Une série de dessins qui ricochent dans tous les sens avec une intention précise pour nous montrer une moment x dans un endroit x. C'est un travail académique d'un bédéiste de grand talent. On lit une première fois pour vivre l'expérience , une deuxième fois pour apprécier les dessins si précis et riches de Marc-Antoine Mathieu et plusieurs fois après pour tenter de comprendre l'intrigue, de saisir tous les petits détails graphiques laissés précisément pour les spécialistes que nous sommes.

Suis-je satisfait de mon achat? Oui. Ai-je l'impression d'avoir lu une BD? Non. Ceux qui avaient aimé Dieu en personne ne s'y retrouveront pas. Ceux qui avaient adoré les prouesses artistiques quasi-mathématiques du Dessin retrouveront, à moindre échelle, cet éclair de génie. L'auteur s'es fixé un défi difficile, intéressant et il nous le partage, à nous de le prendre ou non.

mardi 24 janvier 2012

Chronique BD du mercredi: Habibi

Habibi après Blanket? Craig Thompson est un Américain du Wisconsin, un milieu rural entouré de catholiques presqu'extrémistes, son vécu en camp chrétien n'est que la pointe de l'iceberg. Dans son coin, ils votaient Bush. De le voir s'émerveiller devant la culture arabe, l'axe du mal pour nos voisins du dessous, lui si loin de cette réalité, atire mon attention et bonifie sa position d'ouverture sur le monde.



C'est après 7 ans de travail que l'auteur nous livre Habibi. L'histoire d'une jeune femme arabe et d'un jeune noir qui ont un destin très lié bien que sinueux. L'histoire se déroule en parallèle avec des récits de la genèse et des contes de mille et une nuit, accompagné de texte explicatif sur la calligraphie arabe. C'est une belle histoire d'amour et d'amitié, divisée en chapitres qui suscitent l'intérêt pour le prochain.


Graphiquement, c'est l'apothéose! Les décors et les contours des cases sont inspirés des motifs de tapis dignes des grands sultans. La calligraphie arabe se transforme tantôt en serpent, tantôt en rivière et le texte s'entremêle aux illustrations et je ne parle pas encore du dessin. Craig Thompson possède un trait d'une efficacité rare. Simplement les regards des deux personnages valent le détour. Une panoplie d'émotions passent entre leur yeux. Les décors de désert, de bidonville et de palais sont merveilleux. Je me suis permis de numériser une page, bien que j'avais peur de briser mon livre, mais pour vous...


Bien que cette brique de plus de 700 pages coûte plus de 40$, cet objet d'art vaut la peine. Non seulement c'est joli, mais c'est bon.


Voyez d'autres suggestions de BD avec le mercredi Bd de Mango.

mardi 17 janvier 2012

Chronique Bd du mercredi: Siegrfried

L’attente fut longue mais elle valait tellement la peine. La trilogie d’Alex Alice sur le célèbre et inépuisable opéra de Wagner prend fin avec ce tome magnifique, le crépuscule des Dieux.

Ce n’est pas pour rien que le dessinateur a pris du retard, le monde du cinéma a constaté son grand talent de metteur en scène. Sa BD est construite à mi chemin entre l’opéra et le cinéma tout en cadrant dans le médium narratif qu’est la BD. L’ouverture du début, les quelques pages avant qu’il nous happe de plein fouet avec le titre sur une double page est à coupé le souffle. C’est vraiment beau. Chaque personnage possède son phylactère spécifique. Ce qui permet à l’artiste de ne pas s’encombrer des houppettes, même plus de nous tracer l’itinéraire visuel des personnages par l’entremise de leur discussion. Il faut ajouter que les bulles de Fafnir ou d’Odin leur sont caractéristiques : sombre et solide. Plusieurs cases sont comme des icônes religieux, la lumière et la position des personnages marquent l’esprit. Graphiquement, c’est impeccable, même impressionnant.

On ne peut rendre l’entièrté de l’œuvre originale mais Siegfried donne un bel aperçu et une histoire riche en information sans être barbant autant qu’en action sans tomber dans le comics book de super-héros. Bref un bel équilibre. Mime est encore une fois utilisé pour alléger l’ambiance avec une touche d’humour délicate. Dans l’ensemble nous avons droit à une trilogie enlevante au rythme endiablé. Je n’ai pas pu attendre l’intégrale qui sera certainement un objet cher aux collectionneurs.

L’année part en trombe avec cette finale épique, mais sa date officielle de sortie m’oblige à la classer dans mon top 5 de l’an passé. Une chance parce que dans mon top 5 de cette année, elle aurait perdu un peu de crédibilité…
Mango et ses copains ont d’autres suggestions peut-être aussi bonnes que celle-ci dans les BD du mercredi… À lire !

Les 3 passoires

Plusieurs connaissent les 3 passoires de Socrate. Voilà une version BD.

mardi 10 janvier 2012

Chronique BD du mercredi : La bête du Lac

J’aimais bien Saga-Nah de François Lapierre, j’ai aussi adoré son chronique sauvage. Ses dessins et surtout ses couleurs sont magnifiques, un style bien défini et personnel. On ne parle même pas de ses couleurs sur Magasin Général, avant la quête et le grand mort. Ici, il est scénariste… La bête du lac !

La bête du Lac est illustrée par Patrick Boutin Gagné. On sent dans son trait une influence de Mignola et peut-être parfois une soupçon, mais très léger, de manga. Ses scènes de forêt et de taverne sont très crédibles et bien vivantes. Les scènes de déplacements du héros en particulier montre la forêt typique du Québec. La sirène aux jolis seins lourds et l’affreuse bête au visage balafré sont mes coups de cœur graphique.

François Lapierre construit son histoire sur des thèmes qui lui sont chers de par leur richesse : les légendes et le Québec d’autrefois. Ovide doit retrouver son frère jumeau qui est tombé sous le charme de la sirène. Voir une sirène sortir d’une trou de pèche sur la glace est assez étonnant. J’ai particulièrement aimé l’humour pince sans rire des dialogues de Lapierre. Les allusions, les petits double sens et aussi la qualité, auto-dérisoire à l’occasion, des poèmes d'Oriance.

Ce fut un bon moment de divertissement qui n’est pas sans rappeler les soirées de tradition orale de nos grands parents au coin du poêle à bois. De l'action, un peu de peur, de l'amour et des petites blagues ici et là.

C’est mercredi, gâtez-vous ou gavez-vous avec les chroniques BD de la bande à Mango.