jeudi 13 mai 2010

Chronique BD: la quête de l'oiseau du temps

Ce que j'apprécie dans cette BD c'est qu'au début on précise que la direction artistique est de Loisel. Régis Loisel grand créateur avec Letendre de cette univers fantastique qui a tant influencé le courant heroïc-fantasy. En lisant l'avant Quête de L'oiseau du temps on ne peut que replonger dans cette espèce de nostalgie si forte et si profonde que nous avons vécu en terminant le premier cycle.
Le tome trois, comme le précédent tome trois traite de ce personnage puissant tant visuellement qu'émotivement qu'est le Rige. Nous savons que Bragon a été son élève, leur rencontre était donc inévitable. Letendre joue encore avec multiple personnages secondaires intéressants et des situations si crédibles tant dans les auberges que dans les forêts. Mallié assisté de son maître Loisel et de l'excellent coloriste québécois François Lapierre nous donne des scènes de forêt si dense, si majestueuses. Ils créent aussi des personnages aux émotions frappantes et des créatures formidables. Le tout se tient admirablement bien. Il s'agit bel et bien d'une quête, d'une grande quête, de la quête maîtresse du neuvième art.

lundi 10 mai 2010

Chronique BD: L'origine de la vie

Quelle découverte, quelle lecture! L'origine de la vie de Leif Tande est tout simplement magistrale. En près de 400 pages l'auteur nous livre une autobiologie de la molécule originelle, rien de moins que l'histoire de la molécule qui créa le monde. Leif poursuit dans la même veine que son excellent conver(sa)tion, sa quête philosophique et son regard acéré sur notre société. Ce type me surprend par son humour intelligent et raffiné, par de jeux de mots subtils et bien placés par ses blagues absolument drôles. En plus, il le fait en soulevant des questions éthiques, en parlant de relations familiales, relations père-enfant et faisant le tour des grands enjeux de société mais tout en demeurant léger et accessible. La force de Leif Tande se situe dans son équilibre. Bien doser des mots ultrascientifiques afin de donner crédibilité et des mots vulgaire et urbain afin de garder débilité. Mettre en contexte la première molécule qui est seule au monde tout en laissant son fils aller au cegep... C'est là un tour de force incroyable parce que l'ensemble se tient à merveille. Encore question d'équilibre: il jongle avec la type d'écriture une-blague-par-page, tout en instaurant un récit de longue haleine qui empêche le lecteur de mettre le livre de côté pour se garder de la lecture plus longtemps. Il crée un suspens, j'ai refusé d'ouvrir le livre aux pages ultérieures parce que je ne voulait me dévoiler des punchs. Relisez Villégiature, Le palet dégueulasse, conver(sa)tion, Morlac, Danger public, son oeuvre forme un tout qui se tient, son désir de sortir des sentiers battus et de s'auto-faire des jambettes afin de progresser m'amène à l'évidence: Leif Tande est le meilleur bédéiste au Québec! C'est mon opinion et je la respecte.

mardi 4 mai 2010

Chronique BD: Transat

J'ai découvert cette petite BD dans la cave à Rock (mon activité préférée de Livres en fête! 2010). C'est Marsi (Lire son miam miam Fléau) qui m'en a parlée. Il y a longtemps que je n'avais pas lu ce genre de récit intimiste et je crois que j'étais en manque.
Aude Picault y livre une autobiographie relatant un expérience de vie dont la mer joue un rôle principal. Parisienne blasée, elle s'offre coup sur coup deux expériences marines en allant tout d'abord vivre seule sur une île pendant une semaine et s'embarque ensuite dans une croisière atlantique à bord d'un voilier. Son histoire s'imprègne du style de vie propre aux marins, aux bourlingueurs des eaux. On y croise donc des gens aux vécus riches, aux expériences à la fois commune et variées.
Son dessin est minimaliste. Elle sait en quelques traits poser un décor, une émotion, c'est un talent que j'admire. C'est à ce point senti que ses maladroitesses lui sont pardonnées. Lorsqu'elle dessine des pleines pages de décors de mer, surtout la nuit, l'air goûte presque le sel, c'est une beauté à geler toutes les douleurs comme disait Dumas.
Seul petit bémol au niveau de la calligraphie ses q, ses r et ses p sont difficilement reconnaissables ce qui rend parfois la lecture un peu ardue. Sinon c'est une très bonne BD. Je ne saurais dire pourquoi, mais on reconnaît l'écriture féminine dans la facture et c'est une bonne chose dans ce monde si masculin.